L’alimentation saine et durable : comment satisfaire à la fois les besoins nutritionnels et les enjeux climatiques ?

avril 10, 2024
Sébastien Bouley

Le système agricole et alimentaire représente 34% des émissions des gaz à effet de serre (GES). La France s’est engagée à réduite de 46% les émissions de GES d’ici 2025. Une étude conjointe de la Société Française de Nutrition (SFN) et du Réseau Action Climat (RAC) réalisée par Nicole Darmon a montré qu’une réduction de 50% de la consommation de la viande associée à une augmentation de la consommation de végétaux adéquats permet de réduire de 35% l’impact carbone tout en satisfaisant les recommandations nutritionnelles pour les adultes.

L’alimentation durable :

Selon la définition de l’ADEME, L’alimentation durable est l’ensemble des pratiques alimentaires qui visent à nourrir les êtres humains en qualité et en quantité suffisante, aujourd’hui et demain, dans le respect de l’environnement, en étant accessible économiquement et rémunératrice sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Elle comporte donc 4 dimensions : environnementale, économique, nutritionnelle et socio-culturelle.

L’enjeu climatique :

Selon les estimations actuelles, le réchauffement de la planète devrait atteindre 1,5°C entre 2030 et 2052 sur la base de l’évolution actuelle. Il est important d’agir pour limiter le réchauffement. Pour cela, il nous faut réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans tous les secteurs d’activité, y compris les systèmes alimentaires. Le système agricole et alimentaire représente 34% des émissions des gaz à effet de serre au niveau mondial du fait des émissions de méthane par les ruminants et de protoxyde d’azote issues des engrais et effluents d’élevage. Selon le rapport du GIEC, il serait possible de réduire de 44% la part des GES générés par les systèmes alimentaires en réduisant entre autres la consommation de produits alimentaires d’origine animale.

Concilier enjeu climatique et recommandations nutritionnelles :

Jusqu’à quel point peut-on réduire la consommation de produits animaux sans exposer le consommateur à des risques de carences nutritionnelles ? est la question à considérer. Les besoins en vitamine B12, en iode, en calcium en EPA-DHA et en fer biodisponible peuvent être difficilement couverts lorsqu’on réduit trop la consommation de protéines animales selon les modélisations mathématiques à partir des données de consommations actuelles. De plus, compte tenu du vieillissement de la population française, il faut veiller à ce que les besoins protéiques et en acides aminés des plus âgés soient bien couverts.

Les modèles et scenarii existant :

Des recherches ont été faites pour définir ce que serait une alimentation durable. Ces travaux peuvent être classés en 4 grandes catégories :

  1. la proposition de diètes théoriques supposées plus durables conçues sur la base de considérations a priori (par exemple diète de référence EAT-Lancet, substitution de produits animaux par des produits végétaux…), avec vérification a posteriori de l’intérêt potentiel de ces diètes au regard de différents critères de durabilité,
  2. l’évaluation de la durabilité de diètes existantes à partir d’enquêtes de consommations alimentaires individuelles et l’analyse des associations entre différents critères de durabilité,
  3. l’identification de diètes plus durables que les autres au sein de diètes existantes, en vue d’isoler, parmi les régimes existants, ceux qui concilient le mieux différentes exigences de la durabilité,
  4. la conception de diètes théoriques par une approche multicritères sans a priori basée sur la technique d’optimisation sous contraintes : cette méthode permet d’aller plus loin que l’existant, en générant des diètes répondant à plusieurs exigences sur différentes dimensions de la durabilité .

C’est l’optimisation mathématique sous contraintes qui a été utilisée car cette technique permet d’intégrer simultanément de nombreuses exigences correspondant aux différentes dimensions de la durabilité. Nicole Darmon a cherché par cette méthode à identifier comment les recommandations du PNNS4 pourraient évoluer pour prendre en compte la nécessité de réduire l’impact environnemental c’est-à-dire de diminuer la consommation de viande des adultes de 50%. Comme point de départ, a été considérée la diète moyenne de plus de 2 000 adultes (2121 adultes dont 1234 femmes et 887 hommes) dans le cadre de l’enquête INCA 3 (2014- 2015). Un total de 17 modèles a été testé selon qu’on renforçait la réduction de l’impact carbone et selon qu’on considérait une consommation maximale journalière de 2 ou 3 produits laitiers

L’alimentation saine et durable :

Les résultats montrent que la réduction de 50% de la consommation de la viande permettrait de réduire l’impact carbone de 20 à 50% selon les changements associés à la réduction de la viande. Le compromis qui semble le plus acceptable d’un point de vue culturel et environnemental ainsi que d’adéquation nutritionnelle est de placer le niveau de réduction de l’impact environnemental à(-35%). Pour atteindre cet objectif, les recommandations du PNNS 4 évolueraient de la façon suivante :

  • Recommander de ne pas consommer plus de 450g de viande par semaine incluant l’ensemble de viandes, la volaille et les viandes transformées. La consommation de charcuterie ne devrait pas dépasser 150g par semaine comme actuellement dans les recommandations du PNNS4.
  • Recommander de consommer 2 petites poignées de fruits à coque sans sel soit 25 à 30g par jour en privilégiant les noix.
  • Recommander de consommer quotidiennement 65 à 100g (poids cuit) par jour de légumineuses.
Recommandations alimentaires qui évoluent dans le cadre d’une alimentation durable avec une réduction de l’impact carbone de -35% PNNS 4 actuel Nouvelles recommandations alimentaires
Pour l’ensemble des viandes ≤ 500g/semaine de viande hors volaille. Privilégier la volaille.

Et

≤ 150g/semaine de charcuterie. Privilégier le jambon blanc.

≤ 450g/semaine pour l’ensemble des viandes et volailles et viandes transformées dont un maximum de150g/semaine pour la charcuterie
Pour les légumineuses Au moins 2 fois par semaine 65 à 100 g (poids cuit) par jour
Pour les fruits à coque 1 petite poignée de fruits à coque sans sel soit environ 15g par jour 2 petites poignées de fruits à coque sans sel soit 25 à 30g par jour en privilégiant les noix.

 

 

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