Le point sur le modèle EHPM pour la détermination des quantités maximales et minimales de vitamines et de minéraux dans les compléments alimentaires

avril 16, 2022
Sébastien Bouley

Le modèle de calcul a été publié et présenté à la Commission en décembre 2021.

Notre précédent article décrivait la réouverture des travaux de la Commission Européenne au sujet de l’harmonisation des quantités de micronutriments dans les aliments enrichis et les compléments alimentaires, et les suggestions que la Commission a reçues de l’EHPM et de l’Allemagne. Dans cet article, nous nous concentrerons sur le modèle et les valeurs proposés par l’EHPM (lien en anglais), qui concernent la catégorie des compléments alimentaires.

  • Quantité maximale dans les compléments alimentaires : le calcul

La formule proposée par l’EHPM pour calculer la dose maximale d’un micronutriment est la suivante :

Quantité maximale = Limite Supérieure de Sécurité (LSS) – apport observé au 95ème percentile

Le résultat « brut » sera ensuite arrondi et, si nécessaire, soumis à une évaluation supplémentaire.

Certains micronutriments peuvent être accompagnés d’informations supplémentaires destinées aux consommateurs, qui peuvent :

  • Mettre en garde contre d’éventuels effets indésirables bénins qui peuvent se produire chez des personnes particulièrement sensibles (par exemple, « peut provoquer des rougeurs chez les personnes sensibles » pour la vitamine B3) ;
  • Souligner l’importance d’un apport limité au court terme (comme dans le cas du fer) ;
  • Fournir des avertissements supplémentaires destinés à certains sous-groupes de la population (comme pour le bêta-carotène, déconseillé aux gros fumeurs).
  • Quantité maximale dans les compléments alimentaires : les valeurs proposées

Après avoir fourni une méthodologie théorique pour établir les doses maximales, l’EHPM va plus loin en l’appliquant et en proposant des valeurs maximales et minimales pour les vitamines et les minéraux.

  • Comme LSSs, le modèle a utilisé celles établies par l’EFSA au cours de ces dernières années ; lorsque celles-ci n’étaient pas disponibles, comme dans le cas du fer ou du manganèse, le choix s’est porté sur celles établies par l’institut de médecine américain (Institute of Medicine, IoM).
  • Les apports considérés sont une moyenne de ceux des dernières enquêtes alimentaires des Pays-Bas (couvrant la période 2012-2016) et de l’Irlande (publiées entre 2008 et 2019), deux pays qui ont été jugés comme ayant un « marché mature » dans le domaine des compléments alimentaires et des aliments enrichis. Dans le cas du manganèse et d’autres nutriments, les valeurs étaient manquantes et les calculs se sont basés sur les valeurs nutritionnelles de référence (VNRs) de l’EFSA.

Pour les huit micronutriments qui ont fait l’objet de la demande de la Commission à l’EFSA (rétinol, bêta-carotène, vitamine D, E, B6, acide folique/folate, fer, et manganèse) (voir notre article précédent), Orchidali a comparé les valeurs maximales proposées par l’EHPM avec celles actuellement fixées par la France, l’Allemagne et l’Italie. Les résultats sont intéressants : pour chacun des huit composés considérés, les valeurs maximales de l’EHPM se sont avérées être plus élevées qu’en France, où les valeurs sont à leur tour plus élevées qu’en Allemagne. Par rapport à l’Italie, toutes les vitamines considérées présentent des doses maximales plus élevées dans le modèle EHPM. Le fer et le manganèse, en revanche, ont des doses maximales plus faibles.

  • Quantité minimale dans les compléments alimentaires

La proposition de l’EHPM concerne également les doses minimales, et suggère :

  • 15% de la VNR pour les compléments alimentaires composés d’un seul micronutriment (de manière à en assurer une quantité utile) ;
  • Un minimum de 6 % de la VNR pour le calcium et le magnésium, lorsqu’ils sont présents, dans les compléments contenant plusieurs nutriments (suite à des considérations d’ordre technologique) ;
  • Une dose minimale de bore (qui n’a pas de VNR) de 0,23 mg.
  • En conclusion

Bien que la proposition de l’EHPM présente des limites méthodologiques, comme le choix des deux pays sources de données sur l’apport alimentaire et les interrogatifs sur leur représentativité de tous les pays de l’UE, le modèle a le mérite de présenter une proposition claire, fondée sur des preuves, et facilement applicable et reproductible pour résoudre la question de la détermination des doses maximales et minimales de vitamines et de minéraux dans les compléments alimentaires. Il convient de noter que le modèle EHPM ne suggère aucune valeur concernant les aliments enrichis.

Orchidali vous accompagne dans la formulation de compléments alimentaires conformes à la réglementation européenne.