Les rencontres de l’INRA au SIA, 2019 / Innovations alimentaires sur viandes rouges et charcuteries pour prévenir le risque de cancer du colon

mars 19, 2019
Sébastien Bouley

Orchidali a participé à la rencontre de l’INRA au Salon de l’Agriculture sur la thématique « Innovations alimentaires de l’assiette au champs » et vous propose le compte-rendu de l’intervention de Fabrice Pierre intitulée : « Viandes rouges, charcuteries et cancer du côlon: vers une prévention par modification des modes de production et d’élevage ? »

Fabrice Pierre a rappelé le classement de l’OMS en 2015 de la charcuterie comme carcinogène avérée et de la viande rouge comme carcinogène probable. Le WCRFI (World Cancer Research Fund International) a montré à partir des études épidémiologiques, un risque de cancer du côlon associé à la consommation de viande rouge (bœuf, veau, porc, cheval, agneau et mouton) et de charcuterie alors qu’on ne retrouve pas de risque lors de la consommation de viande blanche. Le WCRFI a émis des recommandations visant à limiter la consommation de viande rouge et à éviter la consommation de charcuterie (2017).

En France, les recommandations du PNNS 4 préconisent de privilégier la volaille et en limitant les autres viandes (porc, bœuf, veau, mouton, agneau, abats) à 500 g par semaine, et de limiter la consommation de la charcuterie à 150 g par semaine.

Fabrice Pierre et son équipe a cherché à identifier sur des modèles animaux l’agent responsable de cancer pour limiter nutritionnellement le risque. Il a montré que le fer héminique permet d’expliquer à lui seul l’effet promoteur sans effet additif ou synergique des amines aromatiques hétérocycliques, ou des composées N-nitrosés. Le fer héminique catalysant la lipopéroxydation et la nitrosylation, la prévention nutritionnelle a consisté soit à chélater l’hème par le calcium soit à inhiber la lipopéroxydation en ajoutant des antioxydants (vitamine E ou polyphénols) dans l’alimentation. Chez des rats, l’addition de calcium ou le statut antioxydant du régime sont efficaces contre la promotion induite par la charcuterie classique et les marqueurs de toxicité induits par la charcuterie classique.

L’étude épidémiologique sur la cohorte E3N de femmes de la Mutuelle Générale de l’Education Nationale a permis de comparer le risque relatif de femmes dans le quatrième quartile en hème dont le régime alimentaire a un statut antioxydant élevé ou faible. Lorsque le statut antioxydant du régime de ces femmes est élevé, la forte consommation héminique n’est plus associée à une augmentation du risque. On pourrait donc recommander d’associer les légumes à la consommation de viande pour diminuer le risque. En outre afin de savoir s’il était possible de réduire le risque en modifiant les procédés de fabrication et les pratiques d’élevage, calcium ou tocophérol ont été ajoutés au cours de la fabrication de la charcuterie donnée à des rats : l’addition de calcium ou de tocophérol est une stratégie efficace contre la promotion induite par la charcuterie classique et contre les marqueurs de toxicité de la consommation de cette charcuterie. Ces résultats ont été confirmés chez des volontaires sains. Finalement, la vitamine E a été également rajoutée à la ration du cochon et a permis de préparer une charcuterie enrichie en vitamine E afin de tester l’effet sur la carcinogenèse colorectale de cette charcuterie chez le rat. La nutrition du cochon par de la vitamine E est aussi une solution efficace contre la promotion induite par la charcuterie classique et contre les marqueurs de toxicité de la consommation de charcuterie classique comme cela a pu être mis en évidence chez le rat.

Les vidéos de ces présentations sont disponibles sur ce lien.

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