Affichage environnemental en France : le Planet-Score

juin 10, 2022
Sébastien Bouley

L’équipe NatExpo a organisé, mardi 31 mai, un webinaire-débat sur l’étiquetage nutritionnel et l’affichage environnemental. Les cinq intervenants étaient : Florence Roublot (Natexpo), Emmanuel Fournet (NielsenIQ) en qualité d’animateur, Sabine Bonnot (Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologiques – ITAB), Sybile Chapron (Nature et Aliments), et Vincent Colomb (Agence de la transition écologique – ADEME).

La discussion a été ouverte par la présentation des résultats d’une enquête NielsenIQ de la fin de 2021, montrant que pour la large majorité des Français les démarches de consommation responsable (comme la diminution des emballages et la santé animale) revêtent une (très) grande importance. La mise en place d’un système commun d’affichage environnemental permettrait de communiquer au consommateur de façon synthétique et clairement identifiable une mesure de l’impact d’un produit ; de plus, de façon analogue à l’étiquetage nutritionnel, assuré en France par le biais du Nutri-Score, un tel index permettrait de comparer deux produits de la même catégorie, et pourrait être le moteur d’un changement vertueux en matière de pratiques et de choix par les entreprises, stimulées par la possibilité d’améliorer leur positionnement.

Ces réflexions sont à la base de la volonté nationale, en France, d’aller vers un outil d’affichage environnemental commun et obligatoire. Ceci est préconisé par la loi Climat et Résilience et par la loi AGEC (voir notre récent article à ce propos). L’échéance prévue pour le secteur agro-alimentaire serait l’année 2023.

La politique européenne en la matière est similaire tout en n’étant pas identique à celle de la France : elle se focaliserait plutôt sur la limitation des allégations « green » (et ce, probablement avant la fin de l’année) ; même si les deux buts ne sont pas, identiques, certains des outils permettant de les atteindre seraient certainement en commun.

Pour en revenir à la France, si l’objectif de développement d’un outil d’affichage environnemental est clair et déterminé, le moyen pour l’obtenir ne l’est pas pour autant ; plusieurs indicateurs ont été proposés, et la difficulté réside dans la définition du « cap de la boussole » : si pour le Nutri-Score (étiquetage nutritionnel) les points cardinaux étaient facilement identifiables (les recommandations PNNS de Santé Publique France), les débats sur les index à prendre en compte dans un outil d’affichage environnemental sont encore ouverts.

Comme le précise le rapport du gouvernement sur ce sujet, l’outil sélectionné devrait se baser sur l’analyse du cycle de vie (ACV) d’un produit, idéalement complémentée par d’autres indicateurs. Les outils proposés, qui ont pour but de prioriser, interpréter et résumer tous les enjeux scientifiques afin de permettre aux consommateurs d’effectuer un choix avisé, diffèrent l’un de l’autre dans plusieurs aspects comme le degré de simplification, la méthode de calcul, ou le système utilisé pour quantifier l’impact de chaque facteur.

L’ Institut de l’Agriculture et de l’Alimentation biologique (ITAB) et d’autres agences ont notamment proposé le Planet-Score, un index « simple mais pas simpliste », qui prend en compte l’ACV et les données Agribalyse (voir notre article sur le sujet) corrigées et complétées, et d’autres considérations. Le résultat est un score global, composé par des sous-indicateurs : l’usage de pesticides, l’impact sur la biodiversité, et le climat ; lorsque cela est applicable, des considérations sur le bien-être animal sont aussi prises en compte.

Le Planet-Score recueille aujourd’hui un large consensus, représenté par des dizaines d’entreprises engagées, et est l’outil recommandé par des associations de portée nationale. Son utilisation avisée peut porter à une amélioration de l’impact environnemental des produits, reflétée par une amélioration du score. Ces éléments ne pourraient cependant pas suffire à rendre l’outil le premier choix de la part des institutions. Le Planet-Score manque à présent de caractéristiques clés, notamment de transparence concernant son algorithme, et d’une publication qui le soumettrait au débat scientifique. A priori, son algorithme devrait être publié dans l’année.

Actuellement, une entreprise désirant afficher le Planet-Score d’un produit doit partager ses données avec l’ITAB (sous accord de confidentialité) ; suite aux calculs, l’organisme fournira le score, accompagné de conseils pour une éventuelle amélioration. Si la démarche implique un certain niveau de recherches supplémentaires concernant les chaines d’approvisionnement, celle-ci est justifiée par un souci de responsabilité sur les produits et leur impact.

Par la suite, le discours s’est orienté sur le risque que l’inflation qui intéresse actuellement le domaine agro-alimentaire détourne l’attention des consommateurs (et leurs achats) de la thématique de la préservation environnementale. Les intervenants ont répondu de manière unanime que le risque serait, à leur avis, limité : crise ou pas crise, les enjeux environnementaux restent présents et d’extrême importance, et les consommateurs en sont conscients. Il est aussi intéressant de remarquer que la présence d’un affichage environnemental sur l’étiquette peut contribuer à justifier une éventuelle différence de prix entre produits. L’ITAB affirme que les entreprises continuent d’affluer vers elle pour l’évaluation de leurs produits ; d’ailleurs, le recours à des chaines d’approvisionnement plus courtes, enclenché dans certains cas par la crise géopolitique, peut porter à un meilleur index d’impact environnemental.

Pour conclure, il est certain que le débat sur l’affichage environnemental et sur le Planet-Score n’est pas conclu ! Orchidali restera vigilant et vous communiquera les prochains développements.

Le replay de la table ronde est disponible en ligne.

 

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